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  • A l’aventure !

    Posté le 2 avril 2009 Pierro Pas de commentaires

    Voilà, aujourd’hui c’est jeudi, les films de la semaine sont sortis et voici mon choix, pour l’instant basé sur les critiques que j’ai lues et la bande annonce :

    A l’aventure

    Lasse de son mode de vie actuel, une jeune femme décide de tout quitter. Elle fait alors des rencontres qui la mèneront vers de nouveaux plaisirs, mais aussi au seuil du fantastique.

    La bande annonce et une critique dans la suite…

    Bande annonce :

    Critique :

    POUR

    Freud, Einstein, l’orgasme, la béatitude, la fusion avec la nature… Cessez de ricaner, jeunes gens, ce cinéaste a sans doute beaucoup de défauts mais il a une qualité qui les relativise : une forme de sincérité abrupte, un zèle qui aurait pu le faire figurer en bonne place dans notre récent numéro spécial « Eloge de l’audace ». Soit une jeune femme, donc, Sandrine (Carole Brana), qui a pour principal atout la curiosité, décide coup sur coup de quitter son travail et son piteux fiancé, qui ne lui donne plus de plaisir sexuel. Mener une vie plus libre est son souhait. Elle séduit un jeune psychiatre qui pratique l’hypnose. A la suite d’une rencontre avec un sujet exceptionnel, le couple part à la conquête de l’extase absolue…

    Le film s’apparente à une leçon de choses. Il y a, d’ailleurs, une sorte de sage aguerri (Etienne Chicot, très bien, comme revenu de plusieurs guerres), qui philosophe sur un banc public et avec lequel Sandrine converse régulièrement. Jeunes gens, prenez-en de la graine : le libre-penseur énonce des vérités assez pessimistes – genre : «Nous sommes tous nous-mêmes notre propre prison», mais sur un ton rassurant.

    A ces dialogues philosophiques s’ajoute le langage ardent des corps. Lorsque Sandrine fait l’amour ou participe à des rituels érotiques, c’est toujours mieux que du porno, parce qu’on y voit de la tendresse et du trouble. Survient une expérience mystique, qui se passe de Dieu. Le mystère d’une félicité supérieure, la béatitude, l’extase, plus personne, aujourd’hui, n’ose s’aventurer sur ces chemins. Brisseau le fait. Vous voulez de l’extase ? Allons-y, essayons, ici et maintenant, devant vous.

    Oscillant entre essai métaphysique, série Z et performance érotique, A l’aventure ne ressemble vraiment à rien de connu. Bancal, inégal, démodé, il l’est, mais on y trouve suffisamment de sève pour se réjouir. Brisseau s’y révèle surtout un fin portraitiste. A-t-il déjà filmé ainsi les visages, avec autant de grâce et de ferveur ? Regardez Sandrine, elle a tout d’une garce et d’une sainte.

    Jacques Morice

    CONTRE

    Jacques Morice est un blagueur à froid. Seul son sens de l’humour lui permet d’écrire de Jean-Claude Brisseau qu’il se livre, dans ses films, à des expériences mystiques. Phrase qui, prise à la lettre, ferait se retourner, d’un seul coup d’un seul, Bresson, Tarkovski et Rossellini dans leur tombe… Mais qu’est-ce que c’est que ce cinéaste qui croit élever les esprits en faisant léviter les corps ? Qu’est-ce que c’est que ce maladroit qui filme tellement mal « l’orgasme métaphysique » qu’il réussit à nous en dégoûter ?

    Car il filme mal, désormais, Brisseau. Prenez la scène où l’héroïne drague le psy. Peut-on imaginer dialogues plus artificiels, interprétation plus calamiteuse, mise en scène plus bâclée… Ambitieux, audacieux, Brisseau l’a été, il y a vingt ans, avec Un jeu brutal et De bruit et de fureur. On râle, donc, de le voir, depuis quelque temps et quelques films, absolument sincère, certes – mais la sincérité excuse-t-elle tout ? -, se prendre pour ce qu’il n’est pas : un penseur.

    Pierre Murat

    Pierro

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