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“Mad Men”, une série à découvrir sur Canal+ !
Posté le 4 mai 2009 Pas de commentairesPlongée saisissante dans le monde macho de la pub new-yorkaise des sixties, le premier épisode de l’enivrante série “Mad Men” est diffusé ce soir sur Canal+, à minuit. A ne pas rater !
Succès de l’année 2007 aux Etats-Unis, mais boudée par les grandes chaînes françaises (seules TPS Star et Canal+ Décalé l’ont diffusée), la série Mad Men obtient enfin l’exposition qu’elle mérite : dès dimanche, Canal+ programme les premiers épisodes de cette formidable plongée dans les sixties, avant d’enchaîner sur la deuxième saison à la mi-juin. L’occasion de s’enivrer de l’ambiance sophistiquée et enfumée de l’agence de pub new-yorkaise Sterling Cooper, centre névralgique de l’intrigue. Don Draper (Jon Hamm) y est le séduisant directeur de création, planchant, clope au bec et verre de whisky à la main, sur les plus importantes campagnes du moment (cigarettes, grands magasins, candidat à la présidentielle…), en compagnie de ses collaborateurs – tous des hommes, évidemment. Epoux d’une « desperate housewife » qui s’ignore (January Jones, aux faux airs de Grace Kelly), amant d’une illustratrice émancipée (Rosemarie DeWitt) et patron d’une secrétaire fraîchement débarquée du fin fond de Brooklyn (Elisabeth Moss), l’élégant héros – sorte de Gregory Peck sur petit écran – a tout pour être heureux. Sauf que l’image du bonheur américain ne correspond pas tout à fait à la réalité – vous comprendrez bien vite pourquoi.
L’homme derrière ce petit bijou, qui a reçu le Golden Globe et l’Emmy Award de la meilleure série dramatique, s’appelle Matthew Weiner. A 43 ans, cet expert des années 50 et 60 (« partager les références de mes parents était le seul moyen d’avoir une conversation avec eux ») a déjà fait ses preuves : il fut l’un des scénaristes et producteurs des Soprano. Mais Mad Men avait été écrit bien avant. Dès sa sortie de l’école de cinéma, au début des années 1990, Matthew Weiner s’attelle à un scénario autour du personnage de Don Draper, le héros trouble de la série. Tout y est : le passé opaque du publicitaire, sa participation à la Seconde Guerre mondiale… Mais faute de temps et de moyens, le film ne se fait pas. Quelques années plus tard, alors qu’il travaille sur une sitcom, Weiner s’inspire du script pour un projet qui lui tient à coeur : Mad Men. Ce qu’il veut faire ? Analyser le comportement humain, sans manichéisme, en se servant du milieu de la pub comme d’un « moyen de parler de l’image que nous avons de nous-mêmes, à l’opposé de ce que nous sommes réellement ». Son écriture est ciselée, subtile, intelligente. Sa capacité à décrire le début des années 60, à la fois sexiste, antisémite, ségrégationniste et, déjà, moderne et revendicatif, est remarquable. Le créateur des Soprano, David Chase, ne s’y trompe pas : il lit le scénario et décide d’engager le petit génie dans son équipe.
A la retraite des Soprano, Matthew Weiner reprend son projet. Il le propose aux chaînes câblées HBO et Showtime – sans succès. Finalement, la chaîne AMC – qui n’a jamais produit de série dramatique – accepte. Et donne carte blanche au créateur. Perfectionniste, celui-ci en profite pour tout contrôler : il coécrit tous les épisodes, en réalise quelques-uns, devient producteur de la série, donne son avis sur le choix des comédiens, des costumes, des décors. Rien n’est laissé au hasard. Lors du développement, plus de quatre-vingts personnes sont ainsi chargées du moindre détail visuel (décors, costumes, accessoires…). Résultat : où que vous regardiez, des énormes machines à écrire des secrétaires aux fantastiques robes de Betty, du superbe générique aux musiques de fin, tout est pensé avec talent, dans une palette de couleurs aussi classe que sobre, pour « faire sixties » sans tomber dans un maniérisme de musée. Une façon de faire qui ravit aussi bien les yeux que l’esprit, et qui réussit à Weiner : Mad Men a été reconduit pour une troisième saison.
Lucas Armati
Un petit extrait :
Site officiel : Mad Men
Pierro
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